Le fourgon blindé de la société SOS Surveillance après l’attaque, à Chavornay (Suisse), le 9 février 2019. MiICHEL DUPERREX « Je dois ...
« Je dois avoir une taupe à Genève. » Entendu par la police suisse, le 10 février 2018, Pierre-Yves G. n’imagine pas à quel point sa supposition est juste. La nuit précédente, trois individus armés ont raflé plus de 25 millions de francs suisses, en attaquant le fourgon blindé de sa société de transports de fonds SOS surveillance, à Chavornay, entre Lausanne et Genève. « Ce n’est pas possible de faire un coup pareil sans être très bien informés. Il fallait connaître le plan de la tournée, les horaires des employés, déclencher l’attaque au bon moment », se lamente le directeur général.
Au volant d’une Porsche Macan volée, les malfaiteurs connaissaient non seulement l’itinéraire de la Fiat Ducato banalisée, partie de Zurich, mais aussi l’identité du conducteur. Et l’adresse de sa fille à Lyon, opportunément retenue en otage par deux complices, simultanément au braquage, pour le pousser à collaborer.
Deux ans et demi après, cette affaire révèle le degré d’infiltration du banditisme lyonnais dans le territoire suisse, à travers l’instruction judiciaire menée par la juridiction interrégionale spécialisée de Lyon. A coups de dénonciations anonymes et d’investigations techniques complexes, les policiers de l’office central de lutte contre le crime organisé, de la direction interrégionale de police judiciaire de Lyon, et leurs homologues helvètes, estiment avoir démantelé l’équipe à l’origine de ce retentissant « brigandage », selon la terminologie lémanique.
Onze suspects sont mis en examen, un douzième est en cavale. Deux ressortissants suisses et Yusuf K., l’équipier du conducteur du fourgon, sont soupçonnés d’avoir fourni des renseignements utiles aux braqueurs, pour la plupart originaires de Vaulx-en-Velin, à l’est de la métropole de Lyon.
Répétition générale
La confession de Can S., 30 ans, récemment versée au dossier, raconte l’approche progressive du milieu lyonnais, des mois en amont du forfait. Loueur de voitures de luxe à Genève, ce citoyen suisse et turc affirme avoir été sous la coupe de Mehdi A., voyou lyonnais à forte réputation, qui le rackettait. Il a mis le braqueur en relation avec son entourage, et, par capillarité, de salle de gym en bar à chicha, avec Yusuf K., 30 ans, résident en Haute-Savoie, convoyeur de fonds au sein de la société SOS surveillance. Les policiers suisses ont trouvé les coordonnées de Mehdi A. dans le téléphone crypté du loueur de voitures, sous le pseudonyme de Neil McCauley, personnage de chef de gang spécialisé dans l’attaque de fourgons, incarné par Robert de Niro, dans le film Heat.
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