Caroline Vigneaux, au bar Le Bambou, à Paris, le 24 février. LEA CRESPI POUR LE MONDE Lundi 24 février. 19 heures. Pendant qu’une coif...
![Caroline Vigneaux, au bar Le Bambou, à Paris, le 24 février.](https://img.lemde.fr/2020/02/27/0/0/4724/3543/688/0/60/0/0a139b8_vbskgofPTu57-DyFO3fquVvz.jpg)
Lundi 24 février. 19 heures. Pendant qu’une coiffeuse boucle ses longs cheveux blonds en prévision de la séance photo, Caroline Vigneaux découvre sur son téléphone portable que le producteur de cinéma Harvey Weinstein vient d’être condamné pour agression sexuelle et viol. Le poing levé, l’humoriste lâche un grand « yes ! »
Elle est comme ça, Caroline Vigneaux, impulsive, directe et branchée sur pile électrique dès qu’il est question de féminisme. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, féministe, elle l’a toujours été. Dans le fumoir du bar chic et branché parisien Le Bambou – ambiance tamisée, décor asiatique, cocktails aux saveurs thaïlandaises, « j’aime tout ici » –, l’humoriste sirote un Moscow mule en racontant qu’elle n’a jamais supporté d’être empêchée dans ses choix sous prétexte qu’elle était une fille.
Tempérament explosif
Gamine, elle n’acceptait pas de s’entendre dire « n’abîme pas ta robe à smocks, assieds-toi et dessine » pendant que ses cousins couraient et s’amusaient dehors. Collégienne, elle ne comprenait pas que garçons et filles soient séparés lors des cours de sport, elle qui voulait se confronter à toutes les disciplines et ne pas être cantonnée au badminton. Ce sentiment d’injustice doublé d’un tempérament explosif a forgé son caractère.
Cette fille de bonne famille provinciale née à Nantes – père ingénieur, mère orthophoniste, éducation catholique stricte et culte des études à condition que ce soit droit, médecine ou commerce – deviendra avocate. Par choix.
« J’ai adoré mon premier métier. » Comédienne ? Elle n’y avait jamais pensé, tant cette profession de saltimbanque ne faisait pas partie du logiciel familial. Il a fallu la mort de son grand-père maternel adoré et sa participation à un spectacle de l’Union des jeunes avocats (UJA) pour que Caroline Vigneaux, 45 ans, change de vie.
L’œil pétillant, la voix claire, le débit rapide, la quadragénaire au physique de trentenaire affiche une vitalité et une joie de vivre non feintes. Avec son pull rose pale floqué du mot « amour », son jean et ses baskets, celle qui se dit « marquée à vie » par la série Sex and the City revendique d’être libre comme l’air. « Je suis le moteur de mon propre travail. J’ai tout fait toute seule, écriture et mise en scène, et suis montée marche par marche. » Son itinéraire l’atteste.
En 2008, l’avocate en droit des affaires dans un grand cabinet américain remet sa démission. Elle a 34 ans, gagne confortablement sa vie en bossant sur des dossiers d’assurance-vie et de réassurance, mais ne veut plus prendre le risque d’avoir des regrets. « J’ai accompagné mon grand-père dans la dernière semaine de sa vie. Tandis qu’il mourait de vieillesse et que je lui tenais la main, je m’interrogeais sur les choses que j’aurais envie de faire pour ne pas avoir à me dire sur mon lit de mort : je n’ai eu qu’une vie et je n’ai pas fait ça. » « Ça », c’était être sur scène et faire rire. Elle ne l’avait vécu qu’une fois. Lors du spectacle de l’UJA réalisé par et pour des avocats. « J’avais fait un sketch, le public avait ri, cela avait été un kif absolu », raconte celle qui a remporté, en 2005, le concours d’éloquence de la Conférence des avocats du barreau de Paris.
by via Le Monde.fr - Actualités et Infos en France et dans le monde
COMMENTS